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Douarnenez dans les années 20

Dans la deuxième moitié du 19ème siècle, laDans la deuxième moitié du 19ème siècle, la pêche à la sardine et les conserveries assurent l’essor de la ville de Douarnenez. Pourtant, cette ville ouvrière connaît plusieurs grèves qui marqueront fortement son histoire. La plus importante, qui a lieu en 1924, touche les 23 conserveries de la ville et leurs 2 000 employés. Retour 100 ans en arrière avec l’historienne Françoise Pencalet.
 
Douarnenez dans les années 20
Crédit photo : Collection Villard, Quimper
 
Après une longue crise de 1900 à 1910, quand les sardines désertent les côtes bretonnes, les marins pêcheurs diversifient leur activité. Inventifs et travailleurs, ils mettent en place un calendrier saisonnier, faisant du Rosmeur un port de pêches multiples : sardines, maquereaux, thons, langoustes de Mauritanie…
 
L’activité de la ville, elle, est entièrement rythmée par ce calendrier. En 1920, l’activité pêche bat son plein. On compte 12 000 habitants dont 5 000 marins. Comme la ville s’est agrandie rapidement, la population est très dense et vit au milieu des 23 conserveries.
 
Cette cité ouvrière est marquée par le bruit des sabots des femmes allant à l'usine, des hommes descendants au port, et par l'odeur de friture des sardines au sein des conserveries. La pêche à la sardine est journalière et nourrit les familles.
 
la rogue pour remonter appâter la sardine
Crédit photo : Collection Villard, Quimper
 
Si la pêche est bonne, les marins, rémunérés « à la part », débarquent les poissons que leurs mères, femmes et filles (parfois très jeunes), transforment dans les conserveries. Elles peuvent travailler jusqu’à soixante-douze heures d’affilée !
 
Pour se donner du courage, elles chantent souvent des cantiques. Mais aussi « Saluez, riches heureux / Ces pauvres en haillons / Saluez, ce sont eux / Qui gagnent vos millions », un chant révolutionnaire qui montre l’esprit vindicatif des ouvrières de l’époque et qui s’inscrit dans un contexte d’agitation politique internationale. Conditions de travail désastreuses, flambées des prix, salaires de misère… En novembre 1924, les premières sardinières se mettent en grève et assez vite, 1600 ouvrières et 600 ouvriers arrêtent le travail et marchent dans les rues de Douarnenez. Les femmes représentent l’essentiel de la population ouvrière et entendent bien se faire entendre.
 
La mairie, première municipalité communiste de France, est un appui politique de première importance et les soutient dans leur rapport de force avec le patronat. Pendant six semaines, la grève paralyse l’économie de la ville, qui ne vit que des ressources halieutiques et prend des proportions qui dépassent le cadre de la commune. Les sardinières reçoivent le soutien d’ouvriers, de syndicalistes et de politiques au niveau national. Des caisses de solidarité se mettent en place.
 
Après cinquante jours de bataille acharnée, les patrons cèdent et accordent aux femmes 1 franc horaire au lieu des 80 centimes payés, des heures supplémentaires et la majoration du travail de nuit. L'épisode aura un impact énorme en France, et cette victoire sera érigée au rang de symbole. Elle permet à une femme, ouvrière, d'être élue par des hommes, conseillère municipale en 1925 (même si le vote est rapidement invalidé par l'État).
 
Références bibliographiques :
  • Françoise Pencalet-Kerivel, « Histoire de la pêche langoustière, les Mauri-taniens dans la tourmente du second XXe siècle », PUR, 2008.
  • Françoise Pencalet, Gérard Alle, Denis Biget, « À Douarnenez, faut savoir naviguer, un siècle d'école de pêche, Locus Solus, novembre 2019 ». La pêche à la sardine et les conserveries assurent l’essor de la ville de Douarnenez. Pourtant, cette ville ouvrière connaît plusieurs grèves qui marqueront fortement son histoire. La plus importante, qui a lieu en 1924, touche les 23 conserveries de la ville et leurs 2 000 employés. Retour 100 ans en arrière avec l’historienne Françoise Pencalet.
 

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